Bonsoir,
Sujet/thématique intéressante et je vais apporter mon grain de sel partageant plus ou moins l’avis de certains dont Philippe Coiffard (@ph_coiffard34), nous nous connaissons de longue date .
Le marché de la prestation IT, n’est pas celui du conseil !
N’est pas conseilleur qui veux et en la matière, j’ai une certaine expérience, comme beaucoup et quelques anecdotes avec de beaux consultants tout frais émoulues dans leurs beaux costumes…
Le problème de fond du numérique c’est qu’il s’agit d’un outil au service de l’homme et que son usager ne le maîtrise pas, car il n’en a pas la compétence d’usage. Plus d’un 1/4 de la population française est en difficultés face au numérique et je ne parle pas de l’accès à Internet, je parle de façon générale, de l’outil et de son usage !
J’ajouterais également que beaucoup de professionnels ont des difficultés également, car l’école et plus particulièrement les écoles formant dans les métiers de la filière, ne se préoccupent pas trop des problèmes d’usages, mais j’ai bonne espoir que les choses vont rapidement changer.
A cela, s’ajoute des problématiques d’accès à Internet avec une volonté initiale de l’État, sous l’impulsion des opérateurs de promouvoir/pousser le FFTH. Qui comme on le sait ne pourra pas couvrir la totalité du territoire. En 2007/2008 le budget estimé pour couvrir 70% du territoire national était de 30 à 40Mds d’euros.
Notre filière à un autre problème : la sous-traitance, les gros prenants les marchés, faisant réaliser par les plus petits. Les clients paient cher une prestation pas forcément à la hauteur de leurs attentes. Le prestataire exécutant, de plus en plus un freelance, payé pas grand chose, par rapport au boulot qu’il fournit ne l’est pas non plus. Chacun des intermédiaires prenant allègrement 20 à 25% de commission, sans justification aucune, j’ai même vu plus 60%.
Posé-vous la question de savoir pourquoi le plafond des AE va être augmenté ? Là est une partie de la réponse, pouvoir sous-traiter encore plus… ce qui ne favorisera en rien l’amélioration de la situation.
Loin de moi de vouloir être défaitiste, il faut toutefois être réaliste et j’ai plus plutôt une attitude optimiste.
Au passage, je précise que nous avions 50 000 demandeurs d’emploi en août dans les métiers IT. Même si les statistiques de Pole Emploi ne sont pas forcément très claires/précises, il faut bien reconnaître que cela fait « tâche » alors, que tous le monde est en train de dire qu’il n’arrive pas à recruter.
Alors les gros veulent venir sur nos marchés, je travaille au travers de ma structure essentiellement pour des indépendants et des TPE, qu’ils essaient ! Ils ne pourront pas suivre !
Quand on travaille pour un client qui est une toute petite structure, c’est du cousu main, du fait maison, on est à l’écoute de son client, on a une relation d’égale à égale. Cela sous-tend beaucoup de chose, que ne pourrons ou ne saurons pas faire ces structures !
Pourquoi ?
Parce que trop grosse, trop grasse… pas assez souples, trop lourdes… exploitant des méthodes, organisations et process d’un autre temps.
Alors vouloir faire du gratuit, pourquoi pas ? Sur du banalisé ? Peut-être…
Sauf que comme pour une grande il y a du spécifique, de l’adapté… dans une moindre mesure, mais il y en a aussi et comme cela à été dit, s’adapter (descendre de son arbre) n’est pas chose aisée.
Les clients sont pas dupes… mettez un p’tit jeune chez un client ou il y le feu… il ne va pas faire long feu justement ! Il en faut de l’expérience et il est difficile de mobiliser sur un seul client, de surcroît de petite taille, voir très petite,… tout un tas de spécialistes.
Cela implique donc de la compétence et surtout de la polyvalence, difficile d’avoir cela quand on sort d’école, qu’elle soit d’ingénieur ou pas. Et je n’ai rien contre les ingénieurs.
Certains d’entre nous sommes des vieux briscards du numérique, de l’IT, je travail dans le secteur depuis le début des années 90. Nous savons bien que ces sociétés qui représente 3% des entités du secteur, on un modèle aujourd’hui connu et suranné. Les clients aussi ne sont plus dupes et commencent à comprendre. C’est l’une des multiples raisons pour lesquels elles s’adossent à des Startup’s. Ce n’est pas pour rien que leurs « Turn Over » est l’un des plus important.
Même de plus petites structures reproduisent les schémas de fonctionnement des plus grandes et se retrouvent dans des situations similaires, sauf qu’elles n’ont pas la même taille et donc les mêmes moyens.
Je ne suis pas inquiet pour les 97% d’entreprises restante qui ont moins de 250 salariés (Plus de 90% moins de 10).
Et puis malgré tout les niveaux de rémunérations ne sont pas aussi important que l’on voudrais nous le faire croire, et ils baisseront forcément. Les clients n’ont pas forcément intérêt à sous-traiter d’autant plus pour garder la compétence.
C’est justement parce-que la compétence était rare que les cabinet de conseil et les ESN on fait leurs gloire. Sauf que celle-ci, grâce à eux est en train de se généraliser, ils ont voulu une ressource abondante, il ne faut pas croire pour autant que leurs clients vont la payer très cher du coup, pour autant.
En parallèle, de plus en plus de professionnelles se mettent en freelance, d’autres s’inventent aussi… Avec tous ce que cela implique… 1/3 des actifs sont indépendants aux USA, en France ça suit la même tendance de fond.
Le décor à venir dans nos métiers sera donc probablement le suivant :
- Beaucoup de freelances, en AE ou société ;
- De petits éditeurs spécialisés ;
- Quelques grosses ESN et éditeurs ;
- Peut-être quelques ETI, issuent des startup’s par exemple.
Et des plates-formes d’intermédiation, mettent en relation prestataires et clients, c’est d’ailleurs déjà le cas.
Il faut reconnaître, que tous ça ne joue pas pour nous les freelances, indépendants, grouillots ou ouvriers du numérique. Personnellement je me considère plus comme un artisan. Il faut dire aussi, que la multitude des projets plantés ou débordant sur les budgets et/ou délais, ne jouent pas non plu pour la confiance des clients, envers les acteurs de la filière que ce soit des grandes ou petites structures.
C’est entre autre par le professionnalisme et la qualité que nous résorberons ce type de problématiques, il faut donc que l’ensemble des acteurs s’y mettent. Cela passe entre entre autre par la formation initiale dans le domaine de la qualité, le savoir faire et savoir être aussi.
Donc pour en revenir à la question initiale, les cabinets de conseil et ESN de taille important peuvent tenter de venir sur le marché des TPE/PME ou plus grosses. Sauf que comme elles ont la fâcheuse habitude de se comporter de la même manière qu’avec leurs grands clients qu’elles gardent à coup de pénalités. Elles ne le font ou feront qu’une fois. Le monde est petit est les gens peu sérieux sont vites éliminés.
En France, les TPE PME sont généralement des entreprises familiales, dont le dirigeants est souvent l’actionnaire principale. Ce qui en fait une force, mais aussi une faiblesse et les erreurs se paient cher. Cela veut dire également que les prestataires indélicats ou peu sérieux sont vites écartés de leurs marchés également. Les dirigeants de ces petites structures sont également de plus en plus au fait et tant mieux face à la Transition Numérique, les réglementations nouvelles et sujets comme la cybersécurité.
Enfin, je conclurai par une remarque, il est regrettable de voir que l’indépendance, que l’on peu considérer dans une certaine mesure comme farouche, des professionnels du numérique et tout particulièrement des indépendants, leurs dessert. Ils ont aujourd’hui la possibilité de se regrouper, tout en gardant cette indépendance si cher à leurs yeux, qui leurs permettrait de travailler dans de bonne conditions, pour des clients prestigieux. Mais ils préfère se faire sous-traiter et se retrouver avec « clopinettes », mais peut-êtres aime-t-ils manger des topinambours.
Pour information, je suis CEO de NUM’X, qui est une ESN, éditrice de logiciel et expert en numérique. Membre de CINOV - IT, le syndicat des entrepreneurs du numérique, j’en suis également le référent pour la Bretagne et les Pays-de-Loire. Accessoirement, j’interviens régulièrement auprès du FAFIEC ou de l’OPIIEC dans le cadres actions collectives ou des études par exemple. Je suis également vice-président de la CPREFP de Bretagne. Reconnu par mes pères, je milite depuis plus de dix ans pour la défense des intérêts de l’économie du secteur du numérique et de ses emplois.