Retour d'expérience sur le statut SCOP ?

Hello,

Quelqu’un a-t-il créé une SCOP sur ce forum ? Des retours d’expérience sur ce statut ?

Je serai curieux de savoir dans la pratique quels sont les avantages qui ont été réellement perçus (sur les financements, la taxation, la capacité de recrutement, l’aide du réseau), mais aussi les problèmes rencontrés (l’incompréhension des investisseurs, etc…?)

Merci d’avance !

Bertrand

Bonjour Bertrand,

Je suis entrepreneur dans une CAE qui est une SÀRL SCOP. Je sait que le regroupement des SCOP en france aide ceux qui souhaitent se lancer. Contact les avec tes questions. :wink:

Pierre

Bonjour,

J’ai fait parti de plusieurs SCOP, mais pas en tant qu’associé, et j’ai un peu étudié la question pour un projet de création. En fait le gros avantage c’est que tu ne paies pas d’impôts sur les sociétés pour la part des bénéfices que tu mets en réserve et la part de bénéfices que tu reverses à tous les salariés. Tu paies l’IS que sur la part des bénéfices distribuée en dividende aux actionnaires salariés.

Par contre une mauvaise surprise c’est que tu as la révision coopérative. Si tu n’as pas de commissaire aux comptes chaque année tu dois passer par un cabinet agrémenté qui vient te prendre minimum, en fonction des devis, 1500 € HT, mais j’en ai eu un qui voulait 2500€. Tout ça pour regarder que tu as bien un fonctionnement de coopérative, pas faire tes comptes. Ce qui veut dire que c’est en plus de ton expert comptable. En gros pour une petite coopérative stable, il passe un peu de temps la première année et les autres années, il se prend 1500€ pour quelques heures de boulot. Je trouve ça abusé, pour des TPE SCOP.

Mais je ne pense pas qu’il faut choisir ce statut juste pour la fiscalité. Tout dépend de ton projet d’un point de vue marché, organisation interne, perspective de croissance.

Est-ce que tes futurs clients vont percevoir une valeur supplémentaire à ce que tu sois une SCOP ?
Est-ce que c’est un business de type lifestyle ou est-ce que tu souhaites une forte croissance ?
Est-ce que les salariés auront des niveaux d’éducation, de responsabilités assez proches ou très hétérogènes ?

D’un point de vue personnel, je pense qu’une SCOP n’est pas adaptée à une entreprise avec un potentiel de croissance forte. Dans ce cas de figure, les salariés du départ prêts à prendre des risques n’auront pas les mêmes valeurs que ceux qui rejoignent une société déjà installée et qui auront le même pouvoir de décision que les autres. Une crise de croissance c’est compliqué, mais une crise de croissance avec tout le monde qui a son mot à dire dans la validation de décisions stratégiques qui vont avoir des effets plus loin qu’un exercice comptable c’est encore plus compliqué.

Après la différence des cultures métiers des salariés peut aussi poser problème. Si ton business c’est du conseil en communication ou la structure est assez horizontale et les niveaux d’éducation et la culture métier sont homogènes, cela est approprié. Si tu fais une CAE ou tous les salariés partagent des valeurs d’entrepreunariat, cela le fait aussi. Par contre si t’as des gens avec des valeurs, des cultures métiers et des niveaux d’éducation très différents. Cela sera plus compliqué.

J’ai l’exemple, qui me vient en tête, d’une personne salariée d’une SCOP qui ne comprenait pas qu’on doive faire des prix qui permettent de faire une marge pour payer aussi les fonctions supports, comme la communication, qui ne servaient à rien selon elle, quand on pouvait faire soi-même des fichiers Word avec des cliparts. Et que c’était mieux d’avoir des prix très bas.

Après le nombre de SCOP est très faible 2000 environs sur des millions d’entreprises. Et il progresse peu malgré toute la com, alors que le statut existe depuis très longtemps. Je pense que c’est un indicateur que ce statut est compliqué à gérer et les réformes sous Hollande ont rendu la chose encore plus compliquées

Merci pour vos réponses, c’est très instructif, et ça clarifie des éléments que j’avais effectivement déjà un peu senti. L’élément noir selon moi, c’est le fait que la SCOP rend l’entrée d’investisseurs ou le rachat complètement impossible (c’est peut-être un peu le but en fait), mais du coup, pour une startup, c’est mort.

Je pense que dans mon cas, une SAS normale, avec éventuellement un label ESUS (https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F32275) - plus souple mais qui garde la logique un peu sociale et solidaire…

Bonjour,

Techniquement ce n’est pas tout à fait exact. Des investisseurs peuvent être présents mais leur poids est limité. En pratique le statut semble inadapté pour une startup car cela limite terriblement les possibilités de retour sur investissement si on est sur une optique capital-risque.

Le label ESUS n’est pas mieux de ce point de vue (à mon avis c’est même pire) puisque le taux de rendement des financements consentis par un capital risqueur est lui aussi limité.

Hum, zut, je n’avais pas vu ça sur les ESUS. C’est un peu compliqué en France de mettre en oeuvre un peu d’innovation sociale et de rester « sexy » pour les financements… J’aimais bien l’idée des salaires contraints par exemple. Sinon il y a toujours la possibilité de faire quelque chose de complètement original, à l’instar de Valve ou de quelques autres. http://www.valvesoftware.com/company/Valve_Handbook_LowRes.pdf