Avantages/inconvénients d'entreprendre en France

Selon vous, quels sont les avantages/inconvénients de créer une entreprise en France ?

Bonjour @camilleroux,

Je vais essayer de rester pragmatique dans ma réponse car avant tout j’aime mon pays et perso j’y crois encore.

Il y a peu d’avantages réels, cependant, il existe de nombreuses aides à la création et il y a vrai soutien aux créateurs d’entreprises dans la mesure où l’on trouve vers qui se tourner. Le statut d’auto-entrepreneur est une chance pour ceux qui veulent créer une activité annexe.

Cela est difficile pour moi de l’avouer, mais les inconvénients sont bien plus nombreux :

  • lourdeur administrative, trop d’interlocuteurs différents.
  • manque de stabilité sur la fiscalité (on ne sais jamais quand ils vont augmenter un truc, ou supprimer un avantage).
  • coût de la main d’oeuvre trop élevé.
  • le poids fiscal sur les entreprises est très élevé.

Au-delà de ça, il y a encore dans notre pays une véritable envie d’entreprendre et à mon sens c’est la plus belle des dynamiques.

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Avantages

  • Last mover advantage, la France est en retard sur le numérique (c’est en tout cas ce que l’on nous rabâche) , c’est peut être une occasion qui force à faire mieux que les autres de prime abord.

  • La fiscalité plus lourde l’environnement économique moins favorable (moins de VC au KM carré) force a créer des structures plus exigeantes qui capte plus de valeurs ajoutées très tôt. C’est un inconvénient mais les contraintes peuvent parfois être vu positivement dans le sens quelles forcent certains choix

  • La French Touch peut représenter quelque chose(artistique, graphisme) création de valeur par un positionnement Luxe etc etc. Bref essayer de faire des trucs que l’on ne peut faire que en France quoi. La formation des gens. Il y a de bons gars ici. Si le BM est viable je pense qu’il est possible de les payer. Tant que l’entreprise fonctionne.

Inconvénients

  • Ce que l’on peut créer ici peut ne pas fonctionner sur les marchés qui compte vraiment (ceux qui construisent des leaders mondiaux, encore que la tout dépends de ce que l’on vends et à qui)
  • Atteindre une certaine masse critique en local peut être plus difficile.
  • Le lean dit d’aller étudier les gens tout proche c’est bien. Mais Pour des raisons culturelles ou de structures du marché un produit peu fonctionner ici et pas ailleurs.
  • La fiscalité lourde. Mais bon en vrai ce n’est pas un problème si vraiment la fiscalité tue et empêche un développement à l’étranger on peut adopter une structure légale plus souple avec des holdings et tout comme les autres l’argent fait en France restant taxé à la Francaise le reste non. C’est assez triste beaucoup d’entreprise d’ailleurs font plus de bénéfice hors de France actuellement de toutes les manières.

Après je ne sais pas vu que je n’ai pas entrepris hors de France et en France pour avoir un avis réellement expérimenté sur la question. Voila voila
My 2 cents

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Le plus gros des avantages :
La France est le plus gros Business Angel au monde grâce aux allocations chômages conservées même si l’on créé une société !
second gros avantage : une main d’oeuvre super qualifiée et très variée

Ensuite, plutôt d’accord, les inconvénients sont forts :

  • cout élevé de la main d’oeuvre
  • lourdeur, complexité administrative croisé avec une réglementation à outrance entraînant un surcout élevé pour gérer toutes les taches administratives
  • problème structurel dans le financement des tpe et pme (par les banques et par l’état qui privilégie les grands groupes)
  • une mentalité et culture entrepreunariale très faible (freins environnementaux forts)

Grosso modo si on est motivé et qu’on dépasse le qu’en diras-t-on, il est très facile de démarrer.
Mais ensuite il est très difficile de grossir, on le voit d’ailleurs dans les stats, le nombre d’ETI est très faible par rapport à l’allemagne, idem notre CAC40 est composé quasiment que de vieux groupes, il ne se renouvelle pas contrairement aux US.

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Depuis que je travaille dans une startup à San Francisco, ma vision des avantages et inconvénients d’entreprendre en France a évolué sensiblement. Voici quelques observations sur des thèmes majeures.

Ingénieurs
Les ingénieurs francais sont très qualifiés, pour un coût raisonnable (un ingénieur aux USA dépasse rapidement les $80.000 / an, donc même avec les charges, le cout total d’un ingénieur par an reste compétitif). Du fait d’un écosystème de startups bien plus dense dans la Silicon Valley, le recrutement y est extrêmement concurrentiel pour au final un turnover bien plus important. Trouver des ingénieurs moins chers ailleurs dans le monde est possible, mais cela sera souvent dans des pays moins développés, aux infrastructures moins efficaces.

Infrastructures
En France on a vite tendance a oublié que l’on dispose d’infrastructures très complètes:

  • Connexions Internet très rapide, de plus en plus souvent en fibre optique dans les grandes agglomérations, pour une somme réduite. Quasiment personne ne dispose d’une telle connexion Internet dans la Silicon Valley, même à quelques km du HQ de Google, à moins de payer plusieurs milliers de dollars par mois. Une bande passante importante est pourtant indispensable pour travailler confortablement meme avec une équipes grandissante.
  • Transports en commun denses et fréquents permettant de multiplier les rendez-vous et de faciliter les trajets des employés,. Il est vrai toutefois que leur saturation, notamment à Paris, peut parfois avoir un impact négatif sur le stress des usagers.
  • Réseau de TGV / Eurostar / Thalys rendant les déplacements entre métropoles francaises et étrangères très confortable.
  • CDG, second aéroport européen, très connecté à l’international.

Fiscalité / Administration
Sur ce point, la France est pénalisée. Meme si fiscalement, la différence avec les pays étrangers ne sera pas toujours aussi prononcée que l’on peut le penser, tout du moins au début. Les démarches administratives restent en revanche très lourde, consommant inutilement l’énergie des entrepreneurs.

Marché local
La France est certe une grande puissance économique mais son marché intérieur reste restreint, limitant la scalabilité des startups francaise si leur produit / service n’est pas correctement internationalisé. Même si c’est le cas, les règlementations, langages et comportements commerciaux sont différent d’un pays européen à l’autre, nécessitant des personnes spécialisées pour chaque pays ou groupe de pays pour s’y développer.
Aux USA, le marché intérieur est évidemment bien plus grand, permettant une croissance plus rapide, pour peu bien sur que ce qui propose la startup soit suffisamment attractif.

Passage à l’échelle (Scalability)
Le point précédent, allié au fait que les financements importants sont en général plus durs à trouver en France, rend le passage a l’échelle d’une startup plus complexe. Paris compte un grand nombre d’entreprises du Fortune 500, mais la Silicon Valley présente un grand nombre de grandes entreprises et startup technologique. Un tel écosystème à proximité favorise les partenariats et autre collaborations.
Ceci étant dit, il est bon d’être pragmatique et de penser aux problématiques de scalabilité lorsqu’elles se présentent, ce qui n’est le cas que pour un faible nombre d’élues. En cela, une startup francaise pourra facilement considérer avoir une présence plus tard dans d’autres points stratégiques du globe, voir meme d’y déplacer son HQ, tandis que l’ingénierie resterais principalement en France. A ce titre, Criteo est un bon exemple.

Culture
La culture entrepreneuriale est moins développée en France. On peut le déplorer mais on peut aussi observer quelques tendances positives comme le développement rapide de communautés de développeurs et d’entrepreneurs, facilitant les connexions et mises en relation. On peut également espérer que des projets tels que la halle Freyssinet de Xavier Niel, au-delà de sa fonction d’incubateur, permettra de donner une visibilité forte a un phénomène perçu encore comme marginal car non fédéré, géographiquement tout du moins. La France a donc le potentiel pour devenir un spot important dans le monde des startups, à même de produire de nombreux exemple inspirants pour les nouveaux entrepreneurs, mais cela prendra encore de longues années.

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Pas grand chose à ajouter à @michaelf (ps: tu es où à SF? Je suis à SF aussi; Scoop.it) mais un résumé:

Avantages France:

  • Alloc chômage (très bon point de @Love_Shr_), aides diverses (CIR, JEI, etc): facile et pas cher de se lancer
  • RH: qualifiées, efficaces, fidèles, moins chères qu’aux US
  • marché: pas si petit que ça! (pensez aux startups d’Israël ou des pays nordique…) et solvable
  • un écosystème dynamique (France Digitale, French Tech, VCs, Pragmatic Entrepreneurs :wink: …)

Désavantages France:

  • Consommateurs conservateurs (B2C comme grands comptes; lesquels ajoutent aussi délai de paiement…)
  • Scalabilité difficile (particularités culturelles + difficulté de financer au delà de la création - banques où êtes-vous?)
  • Le dynamisme de l’écosystème est hyper local; la majorité du pays n’est pas (encore?) entreprise-friendly

Mais la vraie question c’est: Avantages / désavantages de créer en France, dans l’absolu, ou pour un français? Car créer « ailleurs que chez soi », c’est plus dur, quelques soient les caractéristiques intrinsèques du « ailleurs » choisi (vécu plusieurs fois). Une bonne méthode est sans doute de créer en France et de voir ensuite… mais de toute façon, c’est aussi une question de goût personnel et de choix d’aventure.

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2 excellentes interventions de @rougier_marc et @michaelf !

Marc, j’aimerai rebondir sur un de tes arguments concernant le « conservatisme » français.
J’ai interviewé récemment Laurent de la startup Front App (ils viennent de lever plus de 3 millions$ après avoir intégré YC), et il m’indiquait que leur early adopters étaient principalement US. Il n’en a pas tirer de règle générale, en précisant que les premières beta incomplètes avaient peut-etre désenchantées les français.

Mais j’aimerais avoir d’autres avis justement sur ce point : est-ce qu’en France on a assez de early adopters ? après suivant les marchés, les cibles sont différentes, donc on peux distinguer les cibles.
Front App s’adresse au BtoB, plutot des petites entreprises pour le moment.

merci
Steph

Merci pour le commentaire :slight_smile:

Sur la base de business B2C et B2B en Europe, Asie et Amérique du nord, j’ai noté les différences suivantes:

  • les super early adopters de type geek sont aussi bons, ouverts et gourmants en France qu’ailleurs
  • la vague suivante, encore early mais pas forcément geek, est moins développée qu’aux US, mais ça va encore
  • c’est surtout en mode B2B que le conservatisme est criant et super différent des US. Et plus la boite est grosse, en France, plus elle a peur de prendre des risques : plus les ingénieurs se cachent derrière le NIH syndrome et les acheteurs se cachent derrière la sécurité des noms reconnus
  • en revanche, aux US, les early adopters, tant B2C que B2B, sont hyper volatiles: au moins trois raisons à ça: (1) la notion du temps est différente (plus rapide aux US, plus impatients); (2) la notion de service est différente (ultra exigeants aux US, même s’il y a une tolérance sympa à l’encontre des startups); (3) énorme sollicitation, énorme concurrence, donc peu d’attention pour chaque produit

S’ajoute un biais de perception d’origine: les early adopters US testent volontiers des produits étrangers. Les Français testent en priorité des produits US, puis ensuite des produits français, puis ensuite le reste du monde.

En résumé, c’est globalement plus facile aux US pour une startup, culturellement. Mais la France est en générale largement suffisante pour, à minima, prouver un concept. Surtout qu’on comprend mieux la culture et qu’on a moins de concurrence :wink: Et il y a une ouverture grandissante à l’égard des startups (y compris dans certains grands groupes), une dynamique dont on peut profiter.

En tout cas, voilà pour mon expérience.

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Merci Marc, très instructif.

As-tu aussi repéré une différence culturelle par rapport aux services payants ?

Je m’explique, tu précises qu’aux US ils sont super exigeant sur la notion de service, mais est-ce que c’est parce qu’en général ils payent les services ? contrairement à la France ou nous n’aimons pas payer pour le service que nous estimons etre du, et donc inconsciemment nous sommes moins exigeant.

Stéphane,

Je ne connais pas tous les éléments culturel qui ont amené les US a être exigeants sur le service. Il y a indubitablement le fait qu’ils sont payants, et probablement plus (une notion de relation client - fournisseur globale, avec une notion de devoir et d’attente). Ca n’a rien à voir, je précise, avec le talent de livrer le service, mais à l’attitude en générale face à la relation « livreur -livré ». Ca joue sur les produits SaaS bien sûr, mais partout ailleurs: taxi, restaurant, banques, etc.

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