Consultant en télétravail : quel dispositif zoné d'exonération fiscale choisir ?

Tout d’abord merci beaucoup à Maître Billette qui m’a répondu dans un autre post (désolé de vous avoir appelé par votre prénom là-bas, je n’avais pas cliqué dans votre profil :slightly_smiling_face:).

J’essaie de poser ma question en commençant par une petite description de ma situation. En tant que consultant informatique réalisant un bénéfice modéré, je souhaite créer une entreprise dans une zone bénéficiant d’un dispositif d’exonérations fiscales et de certaines charges sociales. L’objectif est de trouver une structure adéquate me permettant d’optimiser l’imposition de mon entreprise et de réinvestir les bénéfices dans l’immobilier. Comme mon travail s’effectue principalement à distance avec des visites clients occasionnelles, le choix de lieu d’activité ne revêt ici qu’une importance secondaire. J’ai étudié tous les dispositifs zonés actuels : ZFU - TE, QPV, BER, BUD, ZDP, ZRD, AFR, ZRR, la plupart offrant une exonération sans dégressivité pendant les 5 premières années. Si la durée sans dégressivité de ces exonérations me suffirait pour réfléchir tranquillement ce que je ferai par la suite en fonction de l’évolution de ma société, certaines exonérations fiscales, cependant, ont un plafond trop bas pour mon activité, lorsque les autres sont susceptibles d’empêcher un montage optimisé avec une holding. Lequel choisir ? Ici j’ai quelques idées.

  1. On commence par la plus simple. Tout d’abord, comme la nature de mon activité est de base indépendante, je pourrais rester en Entreprise Individuelle, statut qui s’avère éligible à certaines exonérations comme le dispositif BER. Néanmoins, même quand l’exonération fiscale peut être totale comme dans le cas de BER, les cotisations sociales des indépendants ne sont jamais exonérées. Ces dernières peuvent représenter plus de 40% du chiffre d’affaires pour un revenu modéré. Par conséquent, cette option n’est pas viable (je fixe comme critère de référence un seuil de 30% : tous les montages candidats qui passent par mon compte particulier doivent rester en deçà de ce pourcentage, car il correspond au taux appliqué à une SASU classique quand on se rémunère uniquement par la distribution des dividendes soumise à la flat-tax).

  2. Ensuite, le montage Holding + SAS(U) Informatique + SASU / SCI Immo pour réinvestir directement dans l’immobilier avec les dividendes provenant de ma SAS Informatique, ou encore mieux avec les bénéfices de ma SAS Informatique quand l’exonération fiscale est totale. Ici, avec la question d’exonération concernant exclusivement la SAS Informatique, le plan paraît, à première vue, être une stratégie judicieuse. Toutefois, il existe une contrainte notable dans presque tous les dispositifs zonés à exonération fiscale illimitée, tels que celui des ZRR : « le capital de l’entreprise créée ou reprise ne doit pas être détenu, directement ou indirectement, pour plus de 50% par d’autres sociétés ». Ainsi, si ma SAS Informatique est rattachée à hauteur de 99% à ma holding, par définition elle ne serait pas éligible. J’avais initialement envisagé de limiter la participation de la holding à 20% dans la SAS Informatique et d’intégrer une clause d’actions prioritaires pour une distribution inégale des dividendes, favorisant ainsi leur remontée intégrale vers la holding. Cependant, Maître Billette a souligné que cette clause compromettrait l’éligibilité de l’entreprise. Dommage… Si je limite la participation de la holding à 50% dans la SAS Informatique, sans actions prioritaires, l’éligibilité est maintenue. Néanmoins, lors de la distribution des dividendes, si je souhaite les transférer vers la holding, je devrais également percevoir un montant équivalent de dividendes sur mon compte personnel, soumis alors à la flat-tax, ce qui est loin d’être optimal.

  3. Une autre option consisterait à opérer exclusivement avec ma SAS Informatique, disons en zone ZRR, pendant 5 ans, en m’abstenant de distribuer des dividendes et en me contentant d’un salaire minimal pour subvenir à mes besoins. Après cette période, accumulant un bénéfice conséquent, je pourrais l’intégrer à 100% dans une holding et commencer à distribuer des dividendes. Cette méthode présente l’avantage de minimiser le « gaspillage » fiscal, permettant ainsi à la quasi-totalité des fonds de remonter vers ma holding. Cependant, elle implique deux inconvénients majeurs : d’abord, l’impossibilité d’investir pendant ces 5 années, ensuite, l’impact de l’inflation, qui, dans le contexte économique actuel, s’apparente à une forme de taxe, particulièrement pénalisante lorsqu’on laisse son argent inactif sur une telle durée.

  4. Poursuivons avec une autre idée : sans créer de holding, ma SASU Informatique pourrait directement posséder une filiale immobilière, SASU ou SCI. Dans ce cas, les dividendes pourraient être réinvestis directement. Cependant, cette approche soulève un autre problème significatif : la majorité des exonérations fiscales zonées excluent les activités de location immobilière et autres investissements financiers. Ici, l’interprétation juridique devient cruciale : peut-on considérer que le simple fait de détenir des parts, même en tant qu’unique associé d’une entreprise immobilière, sans en être le président ou le gérant, constitue l’exercice d’une activité d’investissement, et par conséquent, rendrait ma société principale inéligible à l’exonération ? Personnellement, je ne le pense pas, d’autant plus que durant les premières années, il est probable que la filiale immobilière ne génère pas de bénéfices significatifs. Néanmoins, je ne suis pas totalement certain. Si cette interprétation est acceptée, alors cette structure serait idéale pour bénéficier des exonérations dans le cadre des dispositifs ZRR, BER, entre autres.

  5. Ma dernière réflexion porte sur la création de deux entreprises distinctes, opérant dans des activités similaires mais non identiques, au sein d’une zone bénéficiant d’exonérations fiscales. Mon activité de consultant informatique peut être catégorisée de diverses manières : industrie et artisanat de fabrication - édition, informatique et télécommunication - programmation, conseil et autres activités informatiques ; ou bien : activités de services - arts, culture et divertissement - activités créatives, artistiques et de spectacle - auteur de logiciels. Ainsi, l’entreprise A pourrait se spécialiser exclusivement dans la programmation, tandis que l’entreprise B se concentrerait sur la communication avec les clients, le conseil, la gestion de projet, en sous-traitant la programmation à l’entreprise A tout en conservant une part des paiements. Cette stratégie pourrait potentiellement « doubler » le plafond d’exonération. Si cette idée s’avère viable, elle serait particulièrement avantageuse pour des dispositifs tels que le ZFU-TE, qui, tout en ayant un plafond d’exonération relativement bas (50 000 euros par an), n’interdit pas la détention des entreprises par une holding.

Donc vous, chers lecteurs de ce forum, qu’est-ce que vous me conseillez ? Parmi les stratégies que j’ai exposées, y en a-t-il une qui vous semble particulièrement viable ou avez-vous d’autres suggestions à me proposer ?

Annexe : Synthèse des exonérations fiscales zonées et de leurs caractéristiques

Les plus attractives

ZFU-TE : plafond : 50k par an. Exige-t-il la détention maximum de 50% par d’autres sociétés ? Non. ZFU semble exclure uniquement les activités de la location d’immobilier (pas les activités financières en général).

ZRR et AFR : plafond : aucun. Exige-t-il la détention maximum de 50% par d’autres sociétés ? Oui. ZRR et AFR excluent les activités de la location d’immobilier et les activités financières.

BER : plafond : règle des minimis (300 k sur 3 ans glissants). Exige-t-il la détention maximum de 50% par d’autres sociétés ? Oui. BER semble exclure uniquement les activités de la location d’immobilier (pas les activités financières en général). Particularité géographique : seulement 2 zones actuellement en France, encore moins accessibles que celles des ZRR.

Les moins attractives

QPV : l’exonération concerne uniquement la CFE et la TFPB, pas les impôts sur les bénéfices, moins intéressant.

ZRD : il n’y a que deux zones encore valides aujourd’hui dont l’une dans le Bas-Rhin sans appartement ou bureau disponibles en location, l’autre dans le Centre. Moins intéressant.

BUD : plafond : aucun. Exige-t-il la détention maximum de 50% par d’autres sociétés ? Oui. BUD semble ne pas exclure la location d’immobilier. Particularité géographique : dans le Nord et le Pas-de-Calais. Durée de l’exonération sans dégressivité : 23 mois au lieu de 5 ans.

ZDP : Concerne uniquement la Corse et semble ne plus être applicable pour les nouvelles créations.

En tenant compte de ces éléments, si j’opte pour un montage avec une holding, comme dans point 2, le dispositif BER semble être le plus adapté. Sinon, les ZRR et AFR pourraient constituer de bonnes alternatives, à condition de trouver un moyen de réinvestir les bénéfices sans recourir à une holding.

Bonjour @novice68,

Je ne suis pas sûr de comprendre l’objectif que tu poursuis. :slight_smile:

Ton activité n’existe pas encore et tu cherches déjà à optimiser la fiscalité.
J’ai bien compris ?

Si oui, je te suggère de lancer ton activité. Et ensuite si/quand tu auras des bénéfices à ne plus que savoir en faire de bosser le sujet.

Tu pars du principe qu’il y aura de quoi optimiser alors que tu ne peux raisonnablement en être sûr à 100%.

Qu’en dis-tu ?

Pierre

Non, non, désolé, pas d’accord.

Par exemple pour le dispositif zru/zrr, il faut le demander en création d’activité.

Donc dire « je crée mon activité et je me poserai la question plus tard » ben… la question elle est répondue.

Pour le reste, ça relève du conseil, pas de l’information. Je ne fais pas de conseil sur les internets.

Ceci étant :

Désolé, si la société a une filiale immo, pas droit aux dispositifs BER, ZFU, etc.

« Bipez Benton et Weaver et prévenez les chir’, on est en train de le perdre ! »

C’est faux, c’est absolument faux !

Si vous exercez surtout à domicile, votre domicile doit ainsi se trouver dans la zone en question. Sinon, c’est niet.

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Bonjour Pierre, merci pour votre réponse.

Malheureusement, le choix du siège social et du lieu d’activités est déterminant dès le début pour certaines exonérations de ce genre, moins pour les autres. Ici, une interprétation exacte du texte juridique est cruciale.

ZRR
Article 44 quindecies du CGI dit

Dans les zones de revitalisation rurale …, les entreprises qui sont créées ou reprises entre le 1er janvier 2011 et le 30 juin 2024, soumises de plein droit ou sur option à un régime réel d’imposition de leurs résultats …

Un transfert du siège social de l’entreprise déjà créée ailleurs dans une telle zone est donc d’après mon interprétation du texte exclu du dispositif.

AFR
Article 44 sexies dit

Le bénéfice du présent article est réservé aux entreprises qui se créent à compter du 1er janvier 2007 et jusqu’au 31 décembre 2027 dans les zones d’aide à finalité régionale, à la condition que le siège social ainsi que l’ensemble de l’activité et des moyens d’exploitation soient implantés dans ces zones.

Ce texte a rendu le champ d’application du dispositif encore plus clair.

Au contraire,

ZFU-TE
Article 44 octies A dit

I. – Les contribuables qui, entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2024, créent des activités dans les zones franches urbaines-territoires entrepreneurs…

Ici l’entreprise n’est même pas obligée de se situer dans une ZFU. On peut très bien posséder une petite chaine de boulangeries à Paris depuis 30 ans et nouvellement créer une succursale à Nice l’Ariane pour que l’activité au sein de cette succursale-là bénéfice de l’exonération.
De même,

BER
Article 44 duodecies dit

I. – Les contribuables qui créent des activités entre le 1er janvier 2007 et le 31 décembre 2024 dans les bassins d’emploi à redynamiser

ZFU et BER visent les activités, pas les contribuables.

Voilà, si j’ai choisi le mauvais lieu lors de la création de mon entreprise en me disant « je la tranfèrerai un jour dans une zone d’exonération quand mon chiffre d’affaires commence à exploser », 1. ça ne sera dans certains cas même pas possible 2. même dans les cas de BER et ZFU où le transfert est admis, je ne pourrai en aucun cas revenir sur les bénéfices déjà effectués en dehors de cette zone.

J’espère que ça a répondu à ta question :slight_smile:

Merci Maître, oui je compte déménager véritablement dans une zone d’exonération, je ne cherche pas à contourner la loi sur ce point-là.

J’ai encore une question
Pour la ZFU, on sait qu’il y a un plafond d’exonération

Le bénéfice exonéré ne peut excéder 50 000 € par contribuable et par période de douze mois, majoré de 5 000 € par nouveau salarié embauché

A mon avis pour le plafond de 50 k euros il s’agit du montant du bénéfice généré, pas du montant d’exonération, n’est-ce pas. En d’autres termes, avec un bénéfice annuel de 100 k euros, seulement la moitié peut bénéficier de cette exonération.

Dans ce cas, ai-je le droit de créer deux SASU avec la même activité, tous deux dans une ZFU voire l’une dans une ZFU, l’autre dans une ZRR, en garantissant que je n’exploite chacune des entreprises que depuis la zone qui lui est dédiée et qu’elles servent strictement des clients différents (à mon avis même des clientèles différentes ne sont pas nécessaires) ? Je ne trouve pas de loi qui interdit le fait d’avoir 2 SASU ou d’être président de 2 SASU avec la même activité.

Bonjour à vous deux,

Si je suggère de lancer l’activité d’abord, c’est que j’ai trop croisé d’entrepreneur qui passe du temps à faire des plans sur la comète d’une optimisation sans avoir généré du CA et qui ne seront pas capables d’avoir une activité qui les faits vivre.
À quoi bon perdre du temps et de l’énergie à optimiser une chimère ?

Surtout que certains se cachent derrière ce genre de question pour ne jamais se lancer. :smiley:

Oui en effet, en quoi cela est génant ?

Il est autorisé d’avoir plusieurs sociétés.
Par contre tu ne peux pas avoir ta résidence principale dans deux lieux en même temps.

@novice68 quel est l’intérêt de cette recherche d’optimisation ? Un but pécunier ou il y a autre chose qui m’échappe ?

Pierre

J’ai déjà exercé mon activité pendant plus que 2 ans sous forme de micro-entreprise, des fois ça marchait moins bien des fois mieux, mais je crois que ça devrait être un business qui dure, au moins encore dans les quelques années à venir :smile:

Pour l’instant je suis sans statut donc je suis obligé de prendre une décision lequel choisir :face_with_raised_eyebrow:

Vous ne trouverez aucune loi interdisant de congeler des bébés. Pourtant je suis formel : on peut pas.

La pluralité de sociétés sera évidemment fictive. Fraude très grossière.

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