Gérer un partenariat

Bonjour à tous !

Un cas semi-pratique, semi-théorique, que j’aimerais soumettre à la sagacité des membres de ce forum.

L’histoire: Je suis informaticien freelance, avec ma propre société, et j’ai été contacté par un groupe de boulangers/patissiers, qui souhaitent créer un logiciel spécialisé pour leur profession, et qui souhaitent que je le développe. Je n’y connais rien en boulangerie/patisserie, mais ils sont experts, puisque c’est leur métier, et ils ont plein d’idées très intéressantes, et le business model est défini.
Par ailleurs, ils sont tous très contents d’être boulangers, et veulent le rester, donc pas question pour eux de créer une société ou de quitter leurs emplois, mais ils auraient besoin de ce logiciel, et sont prêts à s’investir en temps (pas en argent) pour sa réalisation.

Dans les enjeux pour moi: une fois le logiciel lancé, c’est moi qui vais avoir tout le travail en maintenance, évolutions, et support technique auprès des autres boulangers (sauf si j’arrive à faire en sorte qu’ils participent au support, mais je ne vois pas comment je pourrais les y inciter vu leurs horaires).
Ils demandent 50% en royalties. Ça me semble un peu exagéré, étant donné que c’est moi qui ferais tout le travail après le lancement commercial.

La question: Comment vous y prendriez-vous pour négocier un contrat avec eux, et que leur proposeriez-vous ? Sachant qu’ils vont être présent durant la conception (quelques mois), mais pratiquement plus après.
Est-ce que vous pensez que 50% est une bonne proposition ? Et sinon, qu’est-ce qui vous semblerait légitime ? 25% ? 20% ? Quels arguments devrais-je faire peser dans la négociation ? (c’est leur idée à la base, et sont persuadé que cela mérite des droits d’auteur importants)

Merci de vos bonnes idées, réflexions, et expériences !

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Si j’ai bien compris, ils ont une idée, ils veulent que tu la développes, que tu la commercialises, eux mettent 0€, et ils prennent 50% de la boîte ? LOL.

Edit : Bon, j’élabore ma réponse. Qu’est-ce qui t’empêche, si l’idée est si bonne que ça, de la développer à ton compte. Qu’est-ce qu’ils vont t’apporter ? Et une autre question : une fois que tu auras développé le soft, ils te l’achètent ou ils supposent que tu vas leur offrir ? Re-lol.

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@Steph : Je ne peux pas développer sans eux, car ils ont une grosse expertise, et la boulangerie c’est quand même très pointu, il n’est pas du tout possible pour moi de faire le développement sans eux.

Par ailleurs, ils ont déjà fait un peu de conception sur ce que devrait faire le logiciel, élaboré un workflow adapté aux méthodes de travail de leur profession, etc. Naturellement, ils ne se rendent pas compte qu’entre un projet de départ sur quelques slides (ils n’ont pas plus que ça) et le projet final, il y a un fossé qui va être mis en évidence par mon travail d’implémentation: ils pensent que leurs idées sont déjà abouties (elles ne le sont pas) et que je suis juste un ouvrier spécialisé qui va construire ce qu’ils ont imaginé. Ils ne se rendent pas compte non plus du fait que la commercialisation va nécessiter un travail important: ils pense que comme leur idée est bonne, les autres boulangers/patissiers vont immédiatement se jeter sur le produit, et que le bouche à oreille va propager le produit tout seul à travers toute la france à la vitesse d’un cheval au galop.

Ce qui me manque, c’est comment je peux leur expliquer la réalité du développement et de la commercialisation d’un logiciel (si vous avez des exemples, analogies, etc), et d’autre part qu’une idée ne vaut que par la qualité de son implémentation et par sa commercialisation.

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Ok, je te mets en vrac les trucs auxquels je pense.

  1. Quid de ma question précédente sur l’usage payant du soft par lesdits boulangers ?

  2. Tu parle d’un groupe de boulangers-pâtissiers. Sont-ce des indépendants, une grosse PME familiale, une boulangerie industrielle ? Par conséquent, sur quel marché se situerait ton produit ?

  3. A quoi sert le logiciel (sans rentrer dans les détails) ? Est-ce un « painkiller » ou des « vitamines » ? Répond-il à un problème générique, ou spécifique à l’entreprise en question ?

  4. Pourquoi ne pas aller parler avec d’autres boulangers dans ta cible, voir si le concept les chauffe et combien ils seraient prêts à payer pour ça ? Ce sera l’ccasion de commencer à te constituer un fichier client, que tu pourras retourner démarcher quelques mois plus tard :wink:

  5. Fais leur un devis comme s’il s’agissait d’une vraie commande, juste pour qu’ils pèsent la charge de travail que ça représente, et le coût !

  6. « Le business model est défini ». Par des boulangers-pâtissiers… As-tu évalué la viabilité du projet de ton côté ?

  7. Si tu te lances, tu ferais le dév, mais aussi la commrcialisation. As-tu les compétences, le temps et l’envie de le faire ? Même le meilleur produit, mal commercialisé, sera un échec…

  8. Je retiens 2 choses qu’ils t’ont dites : « On en veut 50% pour l’idée » et « Le bouche-à-oreille va propager le produit tout seul ». Ce sont deux aberrations énormes qui soulignent leur amateurisme dans le domaine des affaires. Je ne nie pas qu’ils puissent être excellents boulangers par ailleurs, mais as-tu vraiment envie de t’associer avec ces gens-là ?

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Il me semble que un des arguments pourrait être le temps que tu vas investir pour la création et ensuite le temps que tu vas consacrer au développement par ex 2j/semaine. Ramener ce temps au cout journalier de prestation, qu’ils se rendent compte de ton investissement …Combien de baguettes ou autres faut il vendre pour acheter ta presta.

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D’une manière générale je conseillerais de fuir ce genre de profil. Je suis moi même informaticien avec ma propre entreprise (développeur de logiciels / applications mobiles), et je reçois régulièrement ce genre de proposition à savoir : tu fais tout et on fait 50-50.

Le point 8 de Steph résume tout. Ce sont des amateurs. S’associer avec des amateurs est dangereux et le projet a toutes les chances d’échouer, surtout si ils ne quittent pas leurs jobs. Une idée en elle même ne vaut pas grand chose et seul son exécution compte. Une proposition de partenariat sérieuse est à des années lumières de celle là.

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Bonjour @edgdzo,

Je ne sais pas comment fonctionne un développeur dans la gestion de l’évolution de son activité/carrière.

Ce que je sais, en revanche, c’est qu’il n’est pas simple de faire la part des choses et de résister au « catégorisme ». D’ailleurs, cela me rappelle un livre que j’ai lu, intitulé « comment réussir à échouer ».

Maintenant :

• Oui, parce que l’on a du caractère et plein de raisons personnelles, on peut dire un « non » ferme et sans retour.

• Et non, on ne peut pas dire « non », au risque de se fermer les portes d’une opportunité au démarrage d’une activité. Cela peut effectivement devenir une de vos références dans votre parcours, parfois, l’ouverture des « portes » nécessite de faire certaines concessions.

Si j’étais à votre place, j’accepterais en mettant les conditions bien au clair, 33% pour le développement, 33% pour la commercialisation 66% donc … allez, on est gentils on arrondit à 65% , 35% pour eux.

Et en plus vous ne leur demandez pas de rentrer dans le capital d’une société crée à ce titre (responsabilité, gestion, et tout ça) mais en royalties … vous pouvez essayer, voir ce qu’ils vous disent.

Tenez moi au courant.

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LOL, eux ils veulent te rouler dans la farine.
(just kidding elle était trop tentante)

Je ne suis pas un expert des négociations voici ce que j’aurais fait :

  1. Aller voir les clients cibles du projet et je les auraient questionné sur le projet et j’aurais tenter d’orienter mes questions afin d’obtenir le feedback le plus négatif possible

  2. Monter un petit dossier qui met en exergue les risques. Eux ils bossent et ne mettent pas un kopeck et moi je bosse je perds potentiellement du temps. Présenter comment cela se passe généralement comment on monte un pack d’actionnaire et que pour prétendre à une telle part il faut une implication plus forte dans le projet. Une sorte de dossier à charge et mais assez factuel et dépassionné en apparence mais qui peut faire prendre conscience.

  3. Ensuite, une fois que les gars sont un peu calmé, on re-négocie le contrat pour un partage plus équitable en regards de la quantités de travail et des risques pris par les partis.

PS: Attention, par contre car il ne faut pas oublier qu’ils doivent rester motivé, car tu as besoin d’eux pour le projet. Donc il faut être subtil, ferme, et précis dans la manoeuvre et surtout sincère.
Tu fais pas tout sa pour gagner plus d’argent mais pour garantir la pleine motivation de toute le monde et la réussite in finé du projet.

Ca c’est dans l’hypothèse ou ils sont sérieux, sincère et de bonne foi. Malheureusement, on ne vit pas dans un monde de bisounours, actuellement tout les red flags sont de sortis. À priori, je te conseillerais de ne pas aller dedans.


Mais bon Stéphane Persello a tout dit.
Je valide à fond. => « D’une manière générale je conseillerais de fuir ce genre de profil. Je suis moi même informaticien avec ma propre entreprise (développeur de logiciels / applications mobiles), et je reçois régulièrement ce genre de proposition à savoir : tu fais tout et on fait 50-50.
Le point 8 de Steph résume tout. Ce sont des amateurs. S’associer avec des amateurs est dangereux et le projet a toutes les chances d’échouer, surtout si ils ne quittent pas leurs jobs. Une idée en elle même ne vaut pas grand chose et seul son exécution compte. Une proposition de partenariat sérieuse est à des années lumières de celle là. »

Tu as la possibilité de leur expliquer en quoi leur conception est irréalisable (temps × personnes × salaire = coût de dév, + coût de maintenance s’il faut le vendre à d’autres). C’est du temps perdu à donner des chiffres précis voire même à trouver des exemples. Mais qui pourrait leur faire comprendre que même en proposant à d’autres personnes ils ne trouveront jamais preneur, et qu’ils doivent laisser tomber leur façon de voir les choses.

Que tu le fasses ou non, tu es en droit, que dis-je c’est même ton devoir de refuser. :slight_smile:

La négociation s’est terminée récemment (oui, ç’aura été long !), et je vais vous raconter comment ça s’est terminé.

En réalité, c’était pour beaucoup un problème de mauvaise communication entre nous: ce sont des personnes qui ne sont pas habituées à créer ou vendre du logiciel, et qui ne sont pas familières avec le droit d’auteur, et il y avait des choses qu’ils n’arrivaient pas à exprimer, d’où leur intransigeance sur leur pourcentage de droits d’auteurs (il avaient peur de se faire « avoir », et ça bloque même les gens les plus intelligents).
Ce qu’ils avaient en tête, et ne disaient pas clairement, c’est que comme ils connaissent beaucoup de boulangers, et qu’ils ont des congrès réguliers où ils les croisent et font des conférences sur les techniques de boulangerie, ils pensaient être à l’origine (par leurs actions promotionnelles et leur célébrité dans le métier) d’un grand nombre de vente, et voulaient donc avoir un revenu correspondant.
Une fois cela compris, j’ai proposé deux contrats, le premier en droit d’auteur, avec un pourcentage raisonnable (10%) et un autre pour la commission sur vente, où ils obtiennent une commission importante si un client arrive de leur part (ils sont prescripteur de la vente, donc ils obtiennent le même pourcentage que ce que j’aurais donné à un commercial, c’est normal). Cela leur a convenu, et tout s’est débloqué immédiatement avec cette propositon.

Merci à tous pour vos commentaires, ils étaient tous très intéressants et pertinents, et j’espère que ce fil de discussion servira à tous les futurs entrepreneurs qui se trouveront dans une situation similaire !

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Awesome , ca c’est cool