Le portrait-robot de l'entrepreneur innovant en France

J’ai découvert cette présentation faite par l’Atelier BNP Paribas en décembre 2013:

J’ai été un peu surpris de voir qu’il y avait moins d’entrepreneurs issus d’Ecole de Commerce (20%) que d’Ecole d’Ingénieur (24%) ou et que de l’Université (35%).

Et vous, vous y reconnaissez-vous ?

Bonjour !

Vous ne parlez que de « start-up », il me semble… La très grande majorité des entrepreneurs que je connais ne sont issus d’aucun de ces cursus, la constante pour eux (nous) est une culture du risque, et de l’indépendance.

Pour moi le terme « start-up » est un brin limitatif, car de nombreuses entreprises fonctionnent très bien sans avoir toutes ses composantes (tech, business model spécifique…). Pour terminer, l’innovation selon moi ne tient pas seulement au produit, ni même au business model, mais d’une manière plus « commune » à l’Homme, qui est à l’origine de l’entreprise :slight_smile:

Pour prendre mon exemple (désolée, mais c’est celui que je connais le mieux), j’estime que mon entreprise est innovante car :

  • Je sors du clivage de mon secteur d’activité : exit le juridique, je me place dans l’opérationnel (pour la bone compréhension de mon client)
  • Niveau « modèle économique », mon activité se met au service des petites structures, j’ai donc une politique de prix adaptée.
  • Niveau méthode de travail : je fais du sur-mesure, là où tout le monde fait de l’automatique (ou cherche à en faire), donc je suis radicalement à contre-courant ! Cela a des conséquences : le revenu dégagé plafonnera si je ne prends pas d’équipe. Par contre le résultat est là : on mène une démarche qualitative, qui est profitable à l’entreprise, comme à l’acheteur public. On revient à la valeur qualité, au détriment de l’automatisation. Dans mon secteur d’activité, c’est vraiment ce qui fait la différence, et ce qui permet à mes clients de détrôner de plus grosses structures…

Bref, je ne suis pas une start-up, mais mon entreprise, sa philosophie et la teneur de mon job sont innovants (à mon sens, bien sûr !).

Pour ce qui est de l’entrepreneurship, pas de grande école pour moi, mais l’école de la vie, et du terrain, tombée dans la culture de chef d’entreprise toute petite : un père parti de rien qui s’est fait un noml dans son milieu (métier passion), nous sommes 4 enfants, 4 entrepreneurs, chacun dans des domaines différents, chacun sans sortir d’une grande école, et chacun dans un secteur « passion ». Donc la constante : un « modèle » de vie, peut-être l’absence de peur, puisque nous avons eu un modèle « non salarié », ce qui ne nous manque donc pas, et puis la passion de ce que nous faisons, qui fait que même bosser 70h par semaine reste un plaisir :slight_smile:

Bref, peut-être que je m’éloigne du sujet de base :wink:

Bonne journée !

3 « J'aime »

Les écoles de commerce « fournissent » moins d’entrepreneurs que d’autres parcours académiques, et cela peut sembler contradictoire. Pourtant, quand on y regarde de plus près, c’est tout à fait logique.

Je suis moi-même étudiant en master à EMLyon, une école de commerce qui met en avant l’entrepreneuriat, notamment avec une spécialisation en grande école, un master spécialisé et un incubateur. Pourtant, sur une promo « grande école » de 380 étudiants, seule une vingtaine suit la spé « Entrepreneuriat » et moins de 5 créent une boîte en sortie d’école. Pourquoi ?

  • Le coût du diplôme. Un master en école de commerce coûte entre 15 et 40k juste pour les frais de scolarité. C’est un investissement, on attend donc logiquement un retour sur investissement. Un CDI chez Danone ou BNP constitue pour beaucoup un bon moyen de rentabiliser cet investissement rapidement.

  • Le remboursement de l’emprunt. En effet, le coût du master est souvent financé par un emprunt différé dont le remboursement démarre à la sortie de l’école. Autant dire qu’on n’a pas envie de jouer à l’apprenti entrepreneur quand on a commence dans la vie active avec 30k€ à rembourser.

  • Les opportunités en sortie d’école. Un jeune diplômé d’une bonne école de commerce a beaucoup de valeur sur le marché du travail. Certains groupes prestigieux comme Procter ou BCG n’embauchent même qu’en sortie d’école (ou alors après 15 ans d’expérience). C’est donc un coche à ne pas rater. On se dit qu’on pourra toujours monter sa boîte après avoir pris un peu d’expérience dans un grand groupe.

  • Une formation au management. Cela fait longtemps que les écoles de commerce sont des écoles de management. On y enseigne à « manager », c’est-à-dire à être un maillon de transmission dans une organisation beaucoup plus grande. La finance, la logistique, le marketing sont enseignés dans la perspective de travailler à la SoGé, à Renault ou à Unilever. Ce sont souvent de bons cours académiques, mais peu propices à faire émerger des entrepreneurs.

Il y a aussi un consensus global autour du mode de vie du cadre sup. Créer sa boîte, avec les aléas et les difficultés que cela implique, séduit moins ces étudiants, habitués pour la majorité à une vie plutôt facile, et qui veulent préserver cette aisance. Ceci dit, l’entrepreneuriat progresse doucement mais régulièrement dans les écoles de commerce, tiré par deux tendances : l’entrepreneuriat Web type Sillicon Valley, et l’entrepreneuriat social.

2 « J'aime »

Bonjour,
Je me permettrais de rebondir sur la réponse GbsAppelsdOffres, dans laquelle je me reconnais entièrement, hormis le passé entrepreneurial.
J’ai quittée le statut salariale, contrainte et forcée je l’avoue, parce que j’ai une vision de mon métier que j’estime innovante. De formation universitaire à la base, j’ai toujours considéré qu’il était possible de faire du business tout en se faisant plaisir et surtout en intégrant une certaine éthique.
Il y a encore peu de temps, je pensais que je n’avais pas eu de chance professionnellement, mais en fait, et c’est ce qui m’a décidé à me lancer, j’ai la chance de ne pas avoir été « formatée » par les grandes écoles.
Je ne veux stigmatiser personne, mais quand à 43 ans, on explique à un charmant jeune homme recruteur et issu d’une grande école, ce qu’est la prospective, l’éthique du care, et les bien fondés de la gestion organisationnelle, je suis quelque peu inquiète.
Pour autant, je me méfie toujours des chiffres de sondage, pour avoir à les manipuler quotidiennement.
Pour finir, j’ajouterais, et cela n’engage que moi, qu’il existe certains secteurs qui demande, non pas à faire de grandes études, mais surtout à être confronté au terrain. En tant que gestionnaire RH je sais de quoi je parle. Il n’y a aucune astuce pour gérer l’humain, pour la simple et bonne raison, qu’il ne se gère pas. Il demande à être encadré, rassuré, reconnu, accompagné, mais certainement pas géré. C’est pour cela qu’on retrouve peu d’étudiant en école de management à la tête d’entreprise. C’est une compétence transversale, voire même intrinsèque à la personnalité de l’individu. Mais bon, je m’égare, mais le sujet me passionne.
Quoi qu’il en soit, la politique aujourd’hui est de promouvoir la création d’entreprise, qu’elle soit innovant ou pas, portée par des ingénieurs, des docteurs ou des agriculteurs, et j’en suis ravie. Parce que tant que les entrepreneurs mettront leur tripes dans leurs métiers, le travail aura du sens.