Il suffit de regarder la une des principaux média parlant de l’actualité des start-ups pour s’apercevoir qu’ils ont une tendance à se focaliser sur les levées de fond.
On finirait presque par croire qu’il est nécessaire de lever de fond pour dire qu’on monte une startup (cf. un article que j’avais publié sur mon blog, Les levées de fonds, c’est pas automatique !). Pour moi, cette façon de procéder a quelques travers : on oublie les start-ups qui ne lèvent pas de fonds, on formate les entrepreneurs à l’idée de lever de fond, on présente la levée de fond comme une réussite (hors, je le vois plutôt comme le début d’une nouvelle étape)…
Comment expliquez-vous ce phénomène ? Qu’en pensez-vous ?
La levée de fond est devenue le CP 2.0. Je suis entièrement d’accord avec toi, c’est ridicule ce système de communication autour des levées de fonds, j’en avais parlé sur un autre forum, en expliquant que la levée de fond est parfois une opération de com cachée plutôt qu’un réel besoin de fond (ex: YO). Bref à mon avis, si la presse en parle, c’est tout simplement que le lecteur aime ça, car, c’est une part de rêve. Lui! il a levée de fond, alors je peux en faire autant! Il y a un caractère sociologique là-dessous. Bientôt tu pourras acheter un millionnaire pour gagner une levée de fond, même sans projet
Personnellement, c’est à cause de ça que j’ai enlevé Techcrunch de mon feed RSS.
Pour ce qui est de l’explication du phénomène, c’est la conjonction de startups qui ont besoin de RP et de journalistes qui ont besoin d’articles en grand nombre pour nourrir leur site. N’importe quelle milestone d’une startup semi connue peut faire l’objet d’un article.
Je pense aussi, en dehors de tout aspect rémunération, que les entrepreneurs qui ont déjà eu une bonne expérience pro avant, où ils ont rencontré des dizaines de gens hauts placés, ont géré des dizaines de milliers d’euros, n’ont pas le courage, ni l’envie de mettre la main cambouis pendant 2 ou 3 ans. Ils préfèrent lever tout de suite, et déléguer rapidement les tâche opérationnelles.
Je suis tout à fait d’accord quand tu dis que ce n’est pas automatique.
Mais il est beaucoup plus vendeur pour un journaliste de dire qu’une start-up X vient de lever 3 millions plutôt que de dire que son produit est prometteur.
Le sensationnel a toujours marché avec les médias, il faut attirer l’attention du visiteur et les gros chiffres y arrivent merveilleusement bien.
La levée de fond est au magazine start-up ce que le The 12 things you won’t believe about [insert anything here] est au buzzfeed-like.
Comme dit Camille cela relève désormais autant d’un besoin de visibilité que d’un besoin de ressources de lever des fonds.
Résultat la priorité pour certains n’est plus de créer un produit intéressant mais uniquement de jouer le jeu du bullshit pour les investisseurs et les médias.
En même temps, même si c’est moins vrai en France, vu que les VCs américains ont les millions faciles avec des boites qui ont tout juste un MVP, pourquoi se priver?
Ce qui est amusant avec Techcrunch c’est que Michael Arrington n’a jamais levé de fond je crois et a surement refuser plusieurs propositions. Du coup il a fait une belle sortie et a mis plus dans sa poche que Arianna Huffington qui était très diluée… Enfin dans ce cas les 2 ont eu bonne presse
Puisque tout le monde est d’accord, je vais prendre un contre pied.
Bien sûr, une des raisons de la popularité de ce sujet est sa facilité: lever des fonds est difficile (et on aime même beaucoup dire que c’est de plus en plus difficile en France), donc ceux qui réussissent sont forcément des héros, et la presse aime les héros. De plus, le journaliste n’a pas à trop spéculer ou interpréter ni même comprendre la qualité du business concerné: elle est adoubée de fait par ses investisseurs. Donc sujet facile et qui plait. Bon début. Et c’est bien dommage que la presse « startups » ne passe pas plus de temps à parler d’autre chose, en effet.
Là où je suis en désaccord avec la plupart de vos réponses est sur la nature d’une startup. Une startup n’est pas qu’une entreprise; c’est une entreprise innovante qui cherche un modèle scalable. Et ça, bien souvent, ça implique des fonds. On peut faire de très belles boites sans fonds mais ce ne sont pas forcément des startups (par définition). On peut aussi bootstrapper des startups, mais c’est souvent pour mieux lever ensuite. Donc il est raisonnable de dire que, en général, startup et levée de fonds vont de paire. A ce titre, il est légitime de reconnaitre que lorsque des porteurs d’un projet de type startup lèvent des fonds, ils passent un cap; et ça mérite d’être reconnu.
Certains en font-ils un argument de RP? Oui. Et alors? Ce n’est ni grave ni bête ni essentiel.
Ce qui est essentiel est que certains tentent des modèles qui requièrent du capital et que des investisseurs leur accordent leur confiance. En ces temps obscures, je trouve ça pas mal.
Oui, on va pas se mentir, les levées de fonds attirent, arrangent bien les sites internet qui ont plus de clics et les journalistes qui ont de quoi rédiger.
Mais avant d’atterrir dans un article papier ou web, la levée demande beaucoup d’efforts, un travail très conséquent pour les entrepreneurs qui y mettent toute leur énergie, et leurs salariés qui sont tout autant investis. Il n’est peut-être pas nécessaire de lever des fonds pour créer une startup, mais pour la développer, si. En effet, une levée n’est pas gage de réussite, mais ça prouve que le concept est bon et solide (les investisseurs n’investissent pas au hasard !), et que la croissance actuelle est au beau fixe. Et puis ça permet aussi de communiquer plus facilement sur son projet, et c’est une aide précieuse dont toute startup souhaiterait bénéficier !
Les levées de fonds… les startups… avant les fils à papa reprenaient les entreprises familiales ou devenaient traders. maintenant c’est lever des fonds pour des startups… avec l’aide de papa et autres pour défiscaliser. tout en mentant sur tout, les objectifs, les montants levées. plus c’est gros, plus ça passe ! on balance n’importe quel montant aux journalistes qui ne vérifient pas (journalistes… un bien grand mot, rédacteur). et puis si on peut mitonner sur les dizaine de salariés (indiens?) c’est encore mieux!