Beaucoup d’entrepreneurs veulent lever des fonds, et demandent tout un tas de détails sur le sujet.
J’ai du mal à comprendre l’intérêt d’une levée de fonds. C’est en général une perte de temps et de pouvoir de décision au final, et on s’attache à satisfaire des gens qui ne sont pas nos clients finaux, et surtout on a ensuite des comptes à rendre à des gens qui ont mis de l’argent .
Sujet intéressant. Ceci dit beaucoup d’entreprises n’existeraient pas/plus sans fond levé ou n’auraient pas connu le même succès.
Lever des fonds permet d’accélérer la croissance, notamment sur des leviers de recrutement, de marketing, etc.
Mais je laisse les experts s’exprimer
Proverbe africain : « If you want to go fast, go alone. If you want to go far, go in a group ».
Pour moi quand on aborde cette question on est obligé de distinguer B2B et B2C :
B2C :
Selon le modèle (souvent) on peut avoir besoin de faire des investissements important avant de faire du chiffre d’affaire.
Quand on créé une plateforme par exemple il faut atteindre une taille critique avant que le modèle économique soit viable, les « two sided business » sont ultra à la mode en ce moment : Uber, Airbnb, etc
C’est des boites qui avait déjà des couts opérationnels hyper élevés quand elles ont commencé à avoir de la traction.
Certains marché sont hyper concurrentiel et nécessite de mettre beaucoup de cash sur la table tout de suite pour exister, ex: les comparateurs de prix qui n’existent que via le SEO, tu es tout de suite face à des boites qui ont des budgets acquisition de plusieurs millions par mois.
Les boites qui deal du contenu sous droit : Netflix, Deezer, Spotify, etc. Je connais bien le problème avec Youboox, la 1ère chose qu’on nous a dit quand on a démarré le projet c’est que le financement allait être au coeur du projet, et qu’on ne commencerait à sortir le tête de l’eau qu’après avoir levée plusieurs millions. On était un peu sceptique à l’époque, mais c’était totalement vrai.
Je ne parle même pas du cas hyper extrême des réseaux sociaux, à la Facebook et Twitter. Mais bon, impossible de pas les citer.
Il y a surement des belles histoires auquelles je ne pense pas, mais tout les exemples de belles boites B2C qui me viennent en tête ont nécessité des levées de fond importantes.
B2B :
Y a pleins d’exemples de boites qui arrivent à se bootstrapper, j’adore la série de témoignage lancée par 37Signals : Bootstrapped, Profitable, & Proud
C’est en général possible de faire du chiffre d’affaire dès le 1er jour, même modeste, et de grandir comme ça.
Dans le cas des boites B2B c’est plutôt une question de vision, voir de philosophie.
Une levée de fond c’est un accélérateur de croissance, soit tu as une énorme ambition, tu veux créer une boite qui a un impact globale sur ton marché, dans ce cas tu vas vers la levée de fond.
Le meilleur article à lire là dessus pour moi c’est Startup = growth de Paulm Graham, le mec du Y combinator.
L’autre vision c’est small is beautifull, tu veux créer une belle boite peu importe que ça génère des millions. C’est vraiment une autre approche, une prez qui m’avait beaucoup marquée c’est Optimize for happiness de Tom Preston, le fondateur de Github.
Pour moi en B2B c’est vraiment une question d’objectif. Honnêtement des vrais exemples de grosses boites B2B qui se sont bootstrapper à 100% j’en connait qu’une, Github, et même eux ont finit par levée des fonds. Justement pour changer d’échelle et révolutionner le software de façon globale.
Pour développer une entreprise quelque soit son niveau de maturité, il te faut du cash.
Donc tu as deux cas :
Cas 1 : ton offre est ultra virale et tu as besoin de presque 0€ de maketing et en plus on te paie toujours avant de lancer la production, là tu as pas besoin de lever et tu as entre les mains une bien belle machine à cash
Tous les autres cas : « profit is vanity but cash is reality ».
Lever des fonds te fait effectivement perdre un certain nombre de choses (pouvoir, part de la société etc) mais cela te permet d’investir, de croitre, de mieux te financer et d’améliorer ta trésorerie.
tu augmentes ton fond de roulement et donc la couverture de tes immobilisations
tu augmentes ta capacité d’emprunt bancaire (avec Bâle III c’est d’autant plus vrai). Si tu ne te finances que par crédit et jamais par capital, un jour la banque va te dire stop. Et si tu as une crise de croissance ou une crise conjoncturelle, ta boite sera comparable aux PME qui en 2007 se sont vu refoulées des banques (credit crunch) c’est à dire proche de la banqueroute à cause d’une sous capitalisation (gearing).
tu élargies les compétences des ayants droit. Un investisseur qui met de l’argent dans ta boite peut être très utile (contacts, expériences etc).
Au final, faire une levée de fonds donne l’impression de perdre du pouvoir mais à mes yeux c’est souvent l’inverse. L’entreprise est plus crédible et a les reins plus solides pour discuter avec ses partenaires financiers.
Après, ma réponse est assez large. Il faut regarder la puissance capitalistique de ton business, le BFR, le secteur (B2B ou B2C) etc etc.
Au plaisir.
Les réponses précédentes font le tour de la question, j’apporterais juste deux éclairages complémentaires.
Il y a une réponse purement financière à la question : ça s’appelle le WACC, ou en bon français CMPC (Coût Moyen Pondéré des Capitaux). En résumé, une boîte a deux sources de financement à sa disposition : la dette (fonds étrangers) et le capital (fonds propres). Selon les besoins et les contraintes, il existe un « mix optimal » de dette et de capital pour financer la croissance. C’est là le cœur du travail du CFO.
Il y a aussi une réponse managériale à la question : le VC (et dans une moindre mesure le BA) va apporter bien plus que de l’argent. Quand un fonds investit dans une start-up, il va pouvoir mettre à sa disposition une expertise, un réseau et des ressources humaines de haut niveau. Le simple fait de lever auprès d’un fonds réputé apporte déjà une crédibilité énorme à la start-up !
en plus de tout ce qui a été dit et pour résumer :
vaut-il mieux avoir 100% de rien (ou de pas grand chose) ou alors 60 ou 70% d’une belle petite boite ? puis 20% d’une grosse entreprise, …
Le cash est le nerd de la guerre, pour grossir, prendre des parts de marché, se faire connaitre, s’implanter dans de nouveaux marchés, … l’autofinancement ne permet pas d’aller aussi vite qu’un apport de financement externe ! c’est juste mathématique.
D’autre part les financements bancaires classiques sont innaccessibles pour les startups car leur business n’entre pas dans les business connus (et prévisibles) des banques…
Donc voilà lever des fonds est la seule chance qu’une startup a pour survivre, puis grossir
Pour moi ce n’est pas une question de choix, ni même d’ambition, c’est une question de survie, en tout cas jusqu’à réussir à autofinancer une structure assez grande pour continuer à croitre