Bonjour,
C’est en effet fondamental de contractualiser une telle relation. C’est d’ailleurs une erreur très répandue dans le monde de l’entreprise et surtout celui de la start-up de laisser de côté cet aspect fondamental. Il faut bien comprendre que le simple fait de coder confère un droit d’auteur protégé par le code de la propriété intellectuelle. Si le droit des contrats est assez consensualiste et permet presque tout en B to B sous réserve du respect de l’ordre public et des bonnes moeurs, en revanche un contrat est obligatoire pour organiser la cession des droits d’auteur. De même, la rémunération de l’auteur est encadrée et il faut être vigilant à ne pas prévoir n’importe quoi.
Il existe de la même manière une protection possible pour la base de données, mais là les contraintes sont plus importantes en terme de preuve.
Dans le cas que tu évoques, c’est un contrat de commande qu’il aurait fallu passer. Si ça paraît lourd au départ, c’est en réalité un confort incroyable pour les parties car c’est à la fois un parachute en cas de différend, mais aussi un référentiel en terme de délais et d’éventuelles pénalités de retard.
Le contrat est le pilier de l’organisation du monde des affaires, mais bien au delà, c’est aussi le pilier du quotidien : prenez votre journée ordinaire : je me réveille grâce au réveil qui sonne : branché sur l’électricité (contrat EDF ou autre). Je prends mon petit déj avec ce que j’ai acheté la veille au supermarché (contrat avec Carrouf ou autre). Je prends ma douche et de je vais acheter mon pain (contrat avec le boulanger), mon journal du geek (recontrat). Je prends le bus pour rentrer (contrat), je vais chez le coiffeur (contrat), je me connecte avec mon smartphone, mon ordi (contrat, contrat) je télécharge la dernière saison de Breaking bad (contrat… enfin euh… y’en a qui contractent pour ça il paraît…), je fais une formation chez Human Coders pour faire que mon vivarium s’enrichisse d’un Python utile à quelque chose (contrat… cher, très cher…)…
Bref, j’arrête là mais le contrat c’est l’alpha et l’omega de toute notre vie de citoyen. Même Rousseau parle du « contrat social » quand il définit la notion de cession d’une partie de notre liberté à l’Etat pour qu’il puisse organiser la vie en société.
Le plus fabuleux dans l’histoire c’est que vous achetiez une baguette de pain ou un airbus A380 (bon faut avoir pas mal de petite monnaie sur soi…), pourvu que ça soit en France, les mêmes règles vont s’appliquer! Elles datent pour l’essentiel de 1804 et sont sans doute les meilleurs lois jamais écrites ces 200 dernières années. Malheureusement, le Chancellerie s’est mis en tête de réformer et les rédacteurs de contrat commencent à s’inquiéter de plus en plus tant le législateur contemporain est d’une médiocrité affligeante…
Voilà c’était mon ode au contrat en ce samedi matin, cette matière je l’adore, c’est un des rares domaines du droit où l’imagination prend le pouvoir et où tous les projets, même les plus loufoques peuvent trouver, juridiquement une issue : comme j’aime à le dire à mes clients : « votre projet est impossible… mais on va faire en sorte que ça le devienne! ».
Bon samedi à tous.