« cela m’a l’air bien technique »
–>Non. C’EST technique…
De plus en plus de créateurs se lancent seuls pour faire leur société souvent avec des modèles récupérés sur le net. Au début les avocats hurlaient face à cette nouvelle concurrence, pas moi ; je me suis vite rendu compte que la récupération des erreurs était un marché prometteur… Hé oui, moi aussi je suis un entrepreneur ! 
Bon, je suis enseignant aussi, donc…
1 - A la constitution c’est simple ; vous apportez 80 000 ; donc au début dans votre société il y a 80 000 d’actifs, du liquide ; épicétou. Votre société vaut 80 000. Si vous décidez d’émettre 8 000 actions, elle vaudront 10. C’est à la fois leur valeur nominale et leur valeur vénale.
Plus tard, votre société peut connaître des moments difficiles ou au contraire performer ; la valeur vénale des titres sociaux pourra donc baisser (des générations d’actionnaires d’Eurotunnel peuvent en témoigner) ou monter.
Il faut donc lorsque l’on veut céder des titres ou en émettre de nouveaux déterminer leur valeur. Pour ça il faut les évaluer et non, ça ne se fait pas au doigt mouillé…
C’est un métier ; vous avez des consultants, des conseillers spécialisés ou des experts-comptables qui sont qualifiés pour ce travail. Certains avocats le font aussi mais moi, je ne le fais que très occasionnellement, je travaille en général avec un spécialiste du chiffre pour ça ; chacun son métier…
Il y a plusieurs méthodes d’évaluation regroupées en deux grandes familles :
Et on fait souvent un mix des deux.
2 - En cours de vie sociale, on peut :
Si vous décidez d’en céder, on devra déterminer la valeur vénale des titres qui servira de base de négo entre les parties pour fixer le prix. En vente, le prix est librement négocié par les parties ; mais évidemment, le vendeur ne peut pas fixer des exigences trop élevées par rapport à la valeur vénale (sinon l’acheteur n’achètera pas) et à l’inverse l’acheteur ne peut pas trop négocier à la baisse par rapport à cette valeur vénale sinon c’est le vendeur qui renoncera… Ne vous faites aucune illusion, tout investisseur demandera à voir les éléments qui lui permettront de déterminer une valeur vénale, ce n’est pas vous qui allez fixer le prix tout seul…
Si vous émettez des titres nouveaux, si vos titres ont une valeur vénale qui est devenue supérieure au nominal, le souscripteur doit compenser cette différence. C’est normal : cet accroissement de valeur est le fruit du travail des associés fondateurs ; le nouvel entrant n’a par définition jamais contribué à l’enrichissement de l’entreprise mais va immédiatement en profiter… il doit donc verser une compensation pour être mis sur un pied d’égalité avec les associés anciens. Il y a deux techniques pour ça (on ne va pas entrer dans les détails par contre) : le droit préférentiel de souscription et la prime d’apport ou d’émission - je pratique davantage la 2de dans les PME. En principe, on a moins de liberté pour fixer la valeur d’émission que l’on en a pour déterminer un prix de vente.
Dans les deux cas, ce sont des opérations taxables ; « l’important c’est les valeurs »
: les valeurs que vous allez retenir sont autant d’assiettes pour diverses taxations (plus-values, droits d’enregistrement) ; si vous retenez des valeurs trop différentes de la valeur vénale, l’administration fiscale est en droit de rectifier les bases de taxation… et ne s’en prive pas ; donc en pratique non, votre liberté n’est pas totale…