Négociations d'entrée au capital d'une startup

Bonjour,

en mai 2014 a été créée la startup X (nom modifié) sous forme de Société à Actions Simplifiées. Les 2 fondateurs détiennent chacun 50% des parts qui représentent 5000€ au total. X a des clients mais pas assez pour permettre aux fondateurs de se payer un salaire. L’un vit de missions de développement web et l’autre touche le RSA.

Fin mai, un des fondateurs me propose de rejoindre X. J’accepte, sans conditions claires sur mon statut dans la société. J’emménage à Paris récemment et travaille à plein temps pour la boite depuis 2 mois.
Je demande en juin à toucher des parts dans la société pour avoir une garantie, car je n’ai pas de contrat de travail et je ne suis pas payé.
Ils me proposent 2.5% de la boîte mais seulement en septembre.
Je me renseigne auprès de mon réseau qui me dit qu’on a jamais vu quelqu’un travailler gratuitement pendant plusieurs mois pour une promesse en l’air de seulement 2.5% d’une entreprise aussi risquée qu’une startup.
Tout le monde me dit que c’est ridiculement bas et que 15 à 20% serait beaucoup plus juste.
Je tente de renégocier. On me dit: « c’est pas négociable, c’est 2.5%, car tu viens d’arriver, on te connais peu et nous ça fait longtemps qu’on brainstorme sur ce projet alors t’auras rien de plus ».
Un ami me dit : négocie le en vesting : 2.5% au départ, tu gagnes des parts en plus chaque mois et en septembre 2015, tu auras 15%. Si tu pars avant, tu perds tout. Mais passée cette date, nul ne peut t’enlever tes parts, que tu restes où que tu partes de la boîte.

Les fondateurs, avec qui je développe un produit qui doit être publié en septembre, n’ont aucune assurance que le projet va marcher. Ils refusent de céder des parts plus importantes et détournent le sujet en m’assurant un salaire dès septembre. C’est ridicule, car on a aucun fond de roulement pour l’instant et rien ne garantit qu’on aura des clients en septembre.
Je leur ai fait confiance, j’ai emménagé à Paris pour venir travailler sur le projet, je travaille gratuitement depuis 2 mois et je n’ai aucun retour hormis des promesses en l’air.
J’envisage de partir et de trouver un projet plus sérieux, bien que cette startup ait un beau potentiel. Que me conseillez-vous ?
Merci de vos conseils, bonne journée.

Cours, et vite.
Demande (éventuellement) à être régler tes 2 mois avant de partir.
Refuse tes 2,5% virtuels.
Change de cap rapidement, l’avenir t’appartient.

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Bonjour @Eriol,

La règle de base est que tout travail mérite salaire.
Toute concession sur ce point doit être contrebalancé par autre chose : part du business, notoriété, accès à un réseau, bénévolat (pour des associations ^^) etc. A toi de voir dans quel cas tu acceptes de minorer ton prix ou de travailler gratuitement.
Ce qui est sur c’est que dans le cas d’une entreprise (ayant donc pour vocation de faire du CA et du bénéfice) tu NE DOIT PAS travailler gratuitement. Une proposition de 2.5% des parts, d’autant plus sans contrat, est clairement abusive.

Pour rappel une idée n’a aucune valeur, seule l’exécution compte ! J’ai rencontré de nombreuses personnes ayant des idées et ce n’est pas pour autant que leurs idées sont aujourd’hui des succès commerciaux.

Je vais te dire comme @benjamin_bnds cours, vite et loin ! :wink:

Courage, et bonne continuation.
Pierre

P.S.: quel est ton profil ? Tu es un techos ?

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Merci pour vos réponses, qui concordent avec d’autres avis que j’ai pu récolter ailleurs.

J’ai envoyé un ultimatum par email : 15% des parts pour que je revienne au bureau.

Ils ont jusqu’à vendredi pour me proposer par email un rendez-vous pour la signature de documents prouvant mon entrée au capital de l’entreprise.

Passée cette date, tant pis pour eux.

J’ai un profil polyvalent, je détaillerai ma biographie dans mon profil quand cette histoire sera réglée, je suis ici en anonyme pour l’instant.

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« San Francisco is full of people walking around with their pockets stuffed with 1.2 percent of nothing. » (Wired, 2014/04)

Prête attention a ce que tu négocies aussi en contrepartie de tes 15% d’une boite qui pourra être évaluée entre rien et des milliards. J’imagine que tu penses a un gain à la revente, mais pense qu’en cas de revente de l’entreprise (c’est une SAS de droit français), tu en laisses une petite moitié à l’Etat (+ le reste habituel).

A contrebalancer avec le salaire chargé et frais auxuquels que tu aurais pu prétendre (Paris, déplacement tout ca…) sur la meme période. Tu as vite intêret à ce que ta boite soit revendue très vite avec plein de zeros pour que ca te soit intéressant …

Cheers,
Stef

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C’est difficile de répondre à blanc sans avoir vu le plan de la société, son activité, la répartition du boulot des fondateurs, etc.

Ce que je vois :

  • Tu es arrivé à peu près en même temps que les autres. Ils ont commencé la société à peine un mois avant ton arrivée, c’est à dire quasiment rien.

  • Tu travailles à priori autant plus que les autres. Je dirais même plus qu’au moins un des deux autres, vu que lui continue à faire des prestations à côté. Même si ça représente 30% de son temps, ce n’est pas négligeable.

  • Tu as probablement pris plus de risques qu’eux. Ils ont mis 5 000 € chacun sur la table mais le premier était visiblement au RSA dont n’a rien joué à part ces 5 000 € (je suis même étonné qu’il ait le droit de rester au RSA en étant à 50% d’une entreprise). L’autre n’a pas totalement remis en cause son travail précédent donc à un point de chute. Toi tu dis que tu es à plein temps et que tu as déménagé pour l’occasion. Si en plus tu as quitté un ancien job ou que ton/ta conjoint/e l’a fait, autant dire que c’est toi qui a pris l’essentiel des risques.

Bref, à priori je ne vois pas vraiment de raisons pour lesquelles tu aurais moins de 25%, dans l’idéal 33%, 20% au minimum. Tu travailles autant (ou plus), tu prends au moins autant de risques (à priori bien plus), et tu es arrivé à peu près au début. Par contre il serait logique qu’ils te demandent de toi aussi déposer 5 000 € au capital. Le vesting, lui, n’est pas anormal mais se négocie. Un vesting d’un an est facilement acceptable mais il faut qu’il soit réciproque dans les mêmes conditions (si un des trois peut faire de la presta en parallèle, toi aussi).

Bref : Ne lâches pas. Si la négociation se passe mal alors il faut que tu te considères comme un salarié au CDI et ils te payent, au moins au minimum conventionnel, avec rattrapage depuis ton arrivée. Entre la trésorerie à sortir et la difficulté de dire aux suivants que le gars qu’on a recruté n’est pas resté, tu as plutôt le rapport de force pour toi.

Bon, maintenant tout dépend de plein de choses. Personnellement j’ai rejoint avec 3% du capital, en cofondateur initial. C’est extrêmement peu, je ne connaissais pas les usages ni vraiment ce que ça demandait comme implication. Je regrette un peu de ne pas avoir demandé 10% ou plus, mais je n’étais pas dans ta situation non plus : J’ai été salarié avec un salaire correct dès le départ, et la quasi assurance d’avoir une levée de fonds dans l’année pour couvrir nos 18 à 24 mois de fonctionnement suivants.

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Bonjour,

En fait, impossible de juger si 2.5% c’est bien ou pas: on ne connait pas le projet, la propriété intellectuelle, réputation, clients, et autres actifs apportés par les uns ou les autres; on ne connait pas non plus les profils respectifs des personnes en jeu. Si l’idée est de couvrir deux mois de travail sans salaire avant d’avoir un salaire, le tout dans un projet ambitieux et bien né, 2.5% n’est pas du tout ridicule. Si l’idée est de rejoindre l’équipe en tant qu’associé fondateur en partageant les risques, c’est bien sûr ridicule.

Le problème n’est donc pas le montant (impossible à juger sans plus d’info) mais le principe. Une startup est risquée par essence, pas la peine d’ajouter des risques évitables. Le risque le plus grand est celui de l’équipe. Il faut donc commencer par définir les rôles, prises de risques, contributions, attentes, etc de chacun. Ce qui ne semble pas avoir été fait ici. Donc soit vous arrivez à vous mettre d’accord sur ces fondamentaux, soit je te conseille en effet de partir.

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Merci pour vos conseils.

La négociation s’est mal passée hier. Non seulement ils ne veulent pas céder plus de 2.5% des parts de la start-up, mais en plus ils voulaient me les proposer en vesting et ne sont pas en capacité de me verser un salaire, que ce soit aujourd’hui ou dans les mois à venir.

Je suis donc parti.
Le comble : ils proposent de me dédommager 600€ pour le mois et demi de travail que j’ai fourni. J’ai accepté, car je ne peux rien négocier vu que je n’ai pas de contrat de travail. On verra si le chèque arrive un jour dans ma boite aux lettres.

À retenir de cette expérience :

  • ne pas rejoindre une start-up sans conditions claires dès le départ (salaire, poste et missions confiés)
  • ne pas commencer à travailler sans avoir signé au moins un document légal
  • ne pas croire les fondateurs qui promettent oralement une récompense dans le futur (salaire, intéressement, etc…) mais exiger un engagement écrit immédiatement.
  • fuir toute boite qui recrute son premier employé / associé dans de telles conditions, car ça ne présage rien de bon pour la suite.
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Bravo, tu en sortiras grandi.

En théorie, pas de contrat écrit = un CDI tacite :wink:

Je n’ai pas lu les autres réactions mais il semble que tu sois quelqu’un qui manque d’expérience ( ou quelqu’un de naïf). Déménager à Paris et attendre 2 mois avant de discuter de rémunération ! Au vu des réponses approximatives de tes « employeurs », je pense que tu peux t’asseoir sur tes 2 mois et trouver un vrai job à Paris.

Une négociation selon moi ce n’est pas « Je demande et peut-être qu’on va me dire oui », c’est plutôt " je pose mes conditions, si elles ne sont pas satisfaites après discussion, les conséquences seront … ( à toi de décider, voici des exemples : [départ de la boite | demande de rétribution pour les 2 mois écoulés, etc…] )

Concernant le % des parts, personne ne peut dire si 2,5% c’est bien ou pas. Ça dépend du potentiel et de l’argent déjà investi. Ça va dépendre également combien de temps tu dois travailler pour 2,5% et le tarif journalier auquel tu prétends en fonction de ton expérience.

Tout à fait, poser mes conditions dès le départ aurait évité ce genre de problème.
Mais je connaissais un des associés via un membre de ma famille, donc je n’ai pas posé les questions qu’il fallait. Et oui, je suis jeune dans le milieu des startups.
L’argent investi dans la création de la startup : 5000€.
Ils proposaient 2.5 % en vesting, sans être payé avant plusieurs mois, en bossant au moins 9h par jour.

Euh, oui mais non. Pas de contrat de travail, tu peux au contraire te prévaloir d’un CDI en théorie.

Sans aller jusque là, c’est au minimum l’équivalent d’un CDD, donc avec le minimum conventionnel (qui n’est pas au SMIC, même si ce n’est pas très haut) + les 10% d’indemnités de précarité. Il ne faut pas lâcher là dessus, quitte à accepter un délai ou un étalement de paiement important (et donc le risque de ne pas être payé en totalité).

Franchement, visiblement ce n’est pas plus mal que le deal ne fasse pas si c’est sur un telles bases que ça se travaille

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Tout à fait d’accord avec Marc. L’entente de l’équipe dès le départ est primordiale. Ce qui nécessite une certaine transparence, honneteté, et équilibre d’investissement (pas que $$). Le côté positif de cette histoire, c’est tu n’as travaillé que deux mois! S’il t’avais promis 25%, tu aurais peut-etre travaillé une année sans rien dire… Un autre point que tu soulèves est l’engagement en temps et en énergie. Pour moi, il est difficile de s’entendre si les équipiers ne s’engagent pas de la même manière. J’ai quitté une start-up tres prometteuse car un des quatre « fondateurs » voulait rester à son poste tres bien payé à New York en attendant la phase du developpment international (qui n’est toujours pas venue 10 ans plus tard). Il avait négocié 25% du capital avec mes autres associés, essentiellement car il mettait plus que les autres sur la table et avec son soi-disant carnet d’adresse américain…

Bonjour,

Je me permets de réactiver ce TOPIC qui date de 2014.

Je suis en discussion avec un entrepreneur qui cherche à monter sa start-up en France.
Il m’a présenté son business plan sur lequel il travaille depuis un an à plein temps et qui me semble être concret et convaincant. Il souhaite aujourd’hui s’entourer de deux personnes pour finaliser son business model et lancer ses activités début 2018 : une directrice des ventes et du marketing (ce pour quoi il m’a contactée) et un directeur opérationnel. Il a bien spécifié que ces deux fonctions étaient essentielles pour l’entreprise. Il parle d’un Trium Vira qui décidera les orientations de l’entreprise, ira chercher des fonds auprès des investisseurs…

En termes de timing il veut créer sa société avec un apport de 100 000€ d’ici l’été. Jusqu’à octobre, le trium vira travaillera sur le lancement commercial (pour début 2018) et la recherche de capitaux.
En attendant les fonds des investisseurs, nous ne serions pas rémunérés. L’entrepreneur X nous a donc proposé de prendre des parts, à hauteur de 3%. (soit en mettant 3000€ sur la table dès le début, soit il nous les donne mais nous devons les rembourser si nous partons de l’entreprise).

C’est la première fois qu’on me propose de participer à une start-up. Cependant, vu l’importance qui est donnée au poste proposé, je trouve que sa proposition de 3% est extrêmement basse…
Il n’est pas fermé à une prise de participations plus importante des membres décideurs mais il a vite éludé le sujet.

Que me conseilleriez-vous de faire ?

Merci d’avance pour les conseils et les retours d’expérience que vous pourrez m’apporter !

Bonjour,

Il n’y a pas de règles précises ; on joue habituellement sur deux tableaux.

1 - On agit sur le nombre de titres ; j’ai noté que l’ancien message évoquait le vesting. C’est une possibilité même si je ne suis pas un grand fan.

On peut aussi envisager un apport en industrie.

2 - 3%, c’est effectivement très peu. Mais il ne faut pas confondre le pourcentage de participation et :

  • le pouvoir dans les prises de décision,

  • le droit au résultat.

En clair vous pouvez n’avoir que 3% mais peser d’un poids bien supérieur à 3%

Actions avec droit de vote majoré, dividende majoré…

Notez tout de même que votre description me fait très fort penser à une SAS avec un conseil d’administration, avec votre entrepreneur Président et les 3 personnes membres du CA. Resterait ensuite à répartir les pouvoirs.

Notez aussi que l’on peut cumuler diverses méthodes. Et que tout dépend du choix de la structure sociale. Je suis parti du principe que l’on allait recourir à la SAS et qu’elle serait à l’IS mais cela n’a rien d’obligatoire…

Cordialement,

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En gros il met 100k€ mais vous demande de rechercher des capitaux? Je viens à en douter qu’il les a ces 100k€ et qu’il dit cela juste pour diminuer vos parts dans la société.

Ce n’est pas du tout ce que l’on nous dit ; les 100 000 seraient sur la table avant l’été et les capitaux supplémentaires seraient à rechercher ensuite…

Et la réalité de son apport sera facile à vérifier avant la création de la société ! La plupart du temps les fonds doivent faire l’objet d’un dépôt préalable sur un compte bloqué (ou à la Carpa si on fait appel à un avocat pour créer la société)…

Oui mais est ce que cet argent est utile et sera utilisé? S’il suffit de mettre 100k€ pour dissuader les autres actionnaires d’avoir une trop grosse participation et ensuite on récupère les 100k l’air de rien…

Cet argent sera sans doute utile puisque l’on nous parle d’une recherche de capitaux. En général quand on cherche des capitaux c’est qu’on a besoin de sous (si !).

Et on ne peut pas les « récupérer » en tout cas pas si on est en SARL ou SAS. Cela ne peut se faire que sous forme de prêt consenti par la société à cet associé. De deux choses l’une : soit il n’est pas dirigeant et il n’a pas le pouvoir de consentir ce prêt au nom de la société, soit il est dirigeant et tout prélèvement sera une convention interdite arts L227-12 et L223-21 com…